Sur les hauts de Bamako, un château de pierres orné de sculptures en fer – autour desquels les flamboyants et autres plantes de toutes sortes s’entremêlent dans un joyeux chaos organisé. C’est Le Lac de Lassa. Ici, pas d’enceinte ni de portail ou gardien. L’entrée est des plus accueillante et le mobilier étonne tout de suite: chaises design en fer et magnifiquement tissées avec du plastique recyclé, tables en bois massif et pieds en cornes de zébu, sculptures de toutes sortes... On sent que les matériaux nobles sont à l’honneur! Pourtant, le plastique n’y est pas banni, bien au contraire…

Carole, la maitresse des lieux (appelée aussi La Baronne ou la Reine des abeilles) et son compagnon Sidiki - plasticien renommé autant dans le métal que la peinture - ont créé de toute pièce cet endroit hors du temps où se côtoient les artistes d’hier et les entrepreneurs de demain. Tahirou s’est spécialisé dans le plastique et la récupération des déchets. Avec Carole, ils ont créé la structure BNSS dont la devise est “déchets aujourd’hui, or de demain”. Il faut dire que cette ancienne consultante dans la com et le marketing en a sous la pédale. Les projets fusent et, comme elle le dit de sa voix rocailleuse, “je suis une bordélique assumée qui est très efficace, même si la passion l’emporte souvent sur la raison, ce qui conduit généralement à ma perte”. Et de se fendre d’un éclat de rire!

Carole, la maîtresse des lieux

Mais ils ne sont pas les seuls à déambuler dans ce labyrinthe et plantes et de pierres. Musiciens, peintres de Bogolan, cuisinier, architectes, sculpteurs sur métal et tisserands se mélangent dans ce repère d’artistes évoquant tantôt Dada, tantôt la période Hippie, le tout sur fond d’anarchisme et d’écologie...

Intrigués, nous décidons d’y passer un peu plus longtemps que prévu et profitons de nos expériences et compétences pour monter une expo de meubles avec son catalogue, le tout en une journée! En effet, le lendemain soir les plus belles réalisations du Lac et de 7 artistes qui y sont associés trônent fièrement dans la médiathèque de l’Institut Français en complément à une exposition sur l’architecture en terre à travers le monde. Nous sommes parachutés là, entre professionnels du bâtiments, ambassadeurs et autres étudiants en architecture... Grisant!

Josi lors de l'inauguration à l'Institut Français de Bamako

Souvent réveillés aux aurores par le muezzin du quartier(!), nous profitons de ces instants magiques où le soleil commence à lécher la ville de Bamako et le Niger pour échanger avec toutes sortes de personnalités. Asika est connu pour avoir composé l’hymne malien (celui de l’équipe de foot national, pas l’officiel en français que personne ne connaît ici...) ou Bolo, guitariste et percussionniste de Salif Keïta pendant 30 ans sans oublier Sidiki et sa sagesse toute malienne.

Nous sommes logés dans une aile du complexe réalisé en banco selon la technique de la voûte nubienne et accourons à chaque repas pour découvrir les bons petits plats de Jean-Louis, le cuisinier burkinabé qui fait des miracles avec les produits du jardin.

Petit déjeuner santé avec pain maison et jus Aloe Vera-Pamplemousse

Nous garderons plus qu’un souvenir de ce lieu inspiré et inspirant... L’avenir nous le dira, mais il y a fort à parier que nos routes vont se recroiser tout bientôt.

Inch Allah!